À partir du mythe de Médée, de Blanche-Neige de Jacob et Wilhelm Grimm et des minutes du procès de Véronique Courjault, Ses mains présente quatre micro-fictions autour de l’infanticide.
Ses mains pose la question de la justice à partir d’une chose que nous avons profondément en commun avec le théâtre qui est l’acte de la parole.
Dans un tribunal, comme sur un plateau, l’espace des mots est sacralisé. La parole y est en quelque sorte enfermée dans un rituel, hors du monde, hors de l’espace et du temps du monde.
Cette parole ritualisée se déroule dans deux espaces extrêmement singuliers, codifiés : pour l’un la salle d’audience, pour l’autre le lieu de la représentation.
Mise en Scène/ Scénographie Caroline Guiela Nguyen
Création Lumière Yanick Ducord et Caroline Guiela Nguyen
Création Sonore Antoine Richard
Avec Juliette Delfau et Luc Chareyron
Ses Mains est une production de La Comédie de Valence, Centre Dramatique National Drôme-Ardèche.
Ses mains a été créé en janvier 2012 à la Comédie de Valence.
VÉRITÉ
Au plafond d’une salle d’audience de la cours d’appel de Lyon, Le triomphe de la vérité, allégorie de Thomas Blanchet, peintre du XVIIe siècle, semble là depuis toujours. C’est une femme en déséquilibre, au corps d’une blancheur immaculée, à peine couverte d’un grand voile bleu. Du bout des doigts, elle effleure un disque lumineux : la vérité. Du fond de nos représentations, à l’image de la couleur bleu emblème de la France, la quête de la vérité appartient à notre imaginaire inquisitoire. Quête fragile tant la lumière, si convoitée, en suspension dans le vide, menace de s’éteindre à tout moment. Le peintre y voit une incandescence furtive en écho au vieil adage latin « la chose jugée tient lieu de vérité » qui souligne que la vérité judiciaire n’est qu’une fiction, un « tenant lieu », une convention admise par tous.